L'eurodéputée Corinne Lepage (ADLE, Cap 21), avocate du collectif d'associations Uzège-Pont du Gard, a déposé le vendredi 25 février un premier recours devant le tribunal administratif de Paris pour demander l'annulation du permis de recherche et d'exploration de gaz de schiste de Montélimar (Drôme).
Ce permis a été accordé en mars 2010 par l'ex-ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo. Il a été délivré aux sociétés Total EetP France et Devol Energie Montélimar SAS ''pour une durée de 5 ans, une surface de 4 327 km2 et un engagement financier de 38 millions d'euros'', rappelle l'eurodéputée qui a déposé ce recours avec Christian Huglo, avocat associé de son cabinet.
''Ce recours est déposé en raison du refus du gouvernement de retirer les permis délivrés en toute opacité'', explique Corinne Lepage. Il intervient alors que les contestations contre l'exploitation de ces gaz ne s'essoufflent pas. Et ce, malgré l'annonce le 10 février par les ministres de l'Ecologie et de l'Energie de la suspension des travaux d'ici à juin, dans l'attente des conclusions d'une mission d'évaluation des enjeux environnementaux.
La contestation ne s'essouffle pas
Dernière mobilisation en date : celle survenue ce samedi 26 février à Villeneuve-de-Berg en Ardèche, regroupant entre 10.000 (selon la préfecture) et 20.000 personnes (d'après les organisateurs) pour dire ''stop'' au gaz de schiste en France. Elus locaux et régionaux, riverains et écologistes dont l'eurodéputé José Bosé (Europe Ecologie), en tête de cette manifestation nationale… Tous ne cessent de dénoncer des impacts écologiques de l'exploitation de ces gaz sur les nappes phréatiques liés à l'injection dans les sols de produits chimiques; et économiques sur les activités rurales et touristiques.
D'autant que deux autres permis d'exploitation ont bien été accordés en mars 2010 par M. Borloo à Villeneuve-de-Berg et sur le secteur de Nant à Alès (Gard) quand d'autres ont été délivrés ''à Millau ou à Foix'' sur le plateau du Larzac, a fustigé le 28 février Martin Malvy, président de la région Midi-Pyrénées. ''La ministre en charge de l'Environnement imagine désarmer la protestation en improvisant une commission de trois membres qui doit trouver en trois mois comment résoudre ces graves dysfonctionnements ! Si aux États-Unis ou au Canada il avait suffit de trois mois cela se saurait'', a-t-il dit.
Les différents collectifs départementaux contre ces gaz se sont aussi constitués le 26 février à Valence (Drôme) en coordination nationale. De son côté, la fédération nationale des parcs régionaux de France s'est dite opposée le 23 février à toute prospection sur ses territoires, ''en raison des conséquences graves sur les sols, les ressources en eau et les paysages'', a-t-elle indiqué dans un communiqué. La fédération demande à l'Etat l'annulation des autorisations délivrées, ''sans concertation préalable'', sur les périmètres de ces Parcs. Elle réclame l'organisation d'un débat national sur ''l'avenir énergétique'' de la France en faveur des énergies renouvelables et l'amélioration de l'efficacité énergétique.