Le secrétaire général de l'Elysée Pierre-René Lemas a présenté ce mercredi matin les têtes d'affiche du "gouvernement de combat" annoncé par François Hollande au lendemain du deuxième tour des élections municipales. Seule l'attribution des ministères a été annoncée, il faudra probablement attendre la semaine prochaine pour connaître les futurs secrétaires d'Etat. Ce nouveau gouvernement tiendra son premier Conseil des ministres vendredi 4 avril à 10 heures.
Le retour d'un "superministère" à la Borloo
Ségolène Royal est nommée ministre de l'Ecologie, du développement durable et de l'énergie. Un ministère au périmètre élargi, sur le modèle du ministère de Jean-Louis Borloo en 2008, avec le portefeuille de l'énergie. Un portefeuille qui a, semble-t-il, fait l'objet de convoitises de la part du ministère de l'Economie, du redressement productif et du numérique, tenu désormais par Arnaud Montebourg. Mais les positions de ce dernier, pro-nucléaire et favorable à l'expérimentation sur le gaz de schiste, ont probablement pesé sur la décision finale des chefs de l'Etat et du gouvernement. Jusque-là, écologie et économie se partageaient l'énergie.Les autres ministères liés à l'environnement
Stéphane La Foll reste à l'Agriculture et devient également porte-parole de gouvernement. Sylvia Pinel succède à Cécile Duflot au ministère du Logement et de l'égalité des territoires. Marylise Lebranchu conserve le ministère de la Décentralisation et de la réforme de l'Etat. Najat Vallaud-Belkacem est désormais ministre de la Ville, de la jeunesse et du droit des femmes. Marisol Touraine reste ministre de la Santé.
Comme ils l'ont annoncé le 1er avril, les membres d'Europe Ecologie Les Verts ne font pas partie de ce gouvernement. "Les conditions en l'état ne sont pas réunies pour qu'Europe Ecologie Les Verts participe au gouvernement", a déclaré dans un communiqué le bureau exécutif du parti. Une décision qui n'a pas fait l'unanimité au sein même du parti, les parlementaires étant favorables à une participation vigilante au sein de ce nouveau gouvernement.
Ségolène Royal est désormais numéro 3 du gouvernement mais n'aura pas le titre de ministre d'Etat, comme l'était Jean-Louis Borloo. Elle devient, la quatrième ministre de l'Ecologie en 22 mois de présidence Hollande, succédant à Nicole Bricq, Delphine Batho et Philippe Martin. "Un record de non-longévité pour ce ministère dit du développement durable", estime l'association Agir pour l'environnement, qui s'interroge sur la signification de "ce zapping permanent qui rend la politique écologique de François Hollande illisible, incolore et sans saveur".
Ségolène Royal, un bon casting ?
Robin des Bois "salue la remontée spectaculaire du ministère de l'Ecologie dans le rang protocolaire du gouvernement et l'arrivée à ce poste de Mme Royal, bonne connaisseuse des enjeux dans ce domaine". Ségolène Royal est en effet connue pour son engagement en faveur de la protection de l'environnement.
Ministre de l'Environnement dans le gouvernement Bérégovoy, au moment du Sommet de la Terre de Rio (1992-1993), elle plaçait, en 2007, l'écologie au cœur de sa campagne pour la Présidence de la République (1) . Elle déclarait alors que, une fois élue, elle nommerait un vice-Premier ministre chargé du développement durable et de l'aménagement du territoire et un ministre de l'Environnement.
Depuis 2004, Ségolène Royal, élue à la tête de la région Poitou-Charente, a mené plusieurs actions dans le domaine de la croissance verte et des éco-industries : plan après-pétrole en 2005, plan régional solaire avec la Banque européenne d'investissement en 2009, plan Mobilité électrique…
Enfin, candidate aux primaires socialistes en 2012, elle défendait une "social-écologie". Elle se prononçait alors en faveur d'une sortie progressive du nucléaire à échéance de quarante ans (avec un cap à 50% en 2025) et pour l'abandon du projet d'EPR de Penly. Dans un questionnaire soumis aux candidats par Greenpeace, elle se disait également contre l'exploitation des gaz de schiste "tant que la maîtrise de cette exploitation n'est pas garantie".
Ségolène Royal est plutôt opposée à une fiscalité écologique "punitive". Elle était contre la contribution climat énergie défendue par le gouvernement Fillon et estime que l'écotaxe poids lourd ne doit pas aboutir à une simple augmentation des coûts mais être accompagnée d'aides à la reconversion… Sur la question des OGM, elle se dit favorable à un renforcement de l'évaluation.